L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a été saisi en 2020 par la Direction générale de la santé et par la Direction générale de la prévention des risques sur la question des risques liés à l’exposition aux chenilles émettrices de poils urticants. L’ agence avait rendu un premier volet de ses conclusions en juin 2020 concernant l’analyse des données des Centres antipoison [1]. Elle vient de publier un deuxième rapport qui traite de l’analyse du risque sanitaire et pour l’élaboration de recommandations de gestion [2].

Dans ce rapport, une première partie établit et décrit les différentes espèces de Lépidoptères (papillons) recensées en France produisant des poils urticants dangereux pour la santé humaine ou animale (réactions urticariennes ou allergiques). Dans un second lieu, l’Agence fait des recommandations sur la gestion de ces espèces selon les situations et les contextes, dans un souci de durabilité et de préservation de la biodiversité.

Résultats :

Le groupe de travail constitué pour répondre à la demande a identifié 29 genres de Lépidoptères à poils urticants comprenant 55 espèces . Il conclue qu’en France métropolitaine, les espèces les plus dangereuses, sont Thaumetopoea pityocampa (Processionnaire du pin), Thaumetopoea processionea (Processionnaire du chêne) et Euproctis chrysorrhoea (Bombyx cul-brun). Pour ce qui est de l’analyse du risque sanitaire humain, l’impact sur des populations vulnérables est certain avec des lésions cutanées et des muqueuses et un risque de développer, en cas d’expositions répétées, une sensibilisation avec survenue lors d’expositions ultérieures de réactions allergiques pouvant aller jusqu’au choc anaphylactique. Du côté du risque sanitaire animal, les chiens sont majoritairement concernés mais sont également rapportés des cas sur les chats, chevaux et ruminants. Néanmoins, l’impact réel est probablement sous-estimé du fait que les données accessibles ne sont que celles effectivement déclarées.

Par ailleurs, l’Anses a réalisé des cartes des risques par commune pour les trois espèces urticantes. Ainsi, communes sont réparties en 5 niveaux de risque (non comparables d’une espèce de Lépidoptère à une autre), déterminés par la probabilité de présence des chenilles et le niveau d’exposition des populations humaines vulnérables à ces chenilles.

Enfin, pour chaque niveau de risque identifié, l’Anses recommande des mesures de gestions proportionnées. Celles-ci combinent des méthodes de lutte et des actions ciblant les populations. L’Anses estime que les méthodes de lutte préventives ou curatives disponibles sont limitées et que leur nombre est globalement en diminution. Elle préconise de combiner plusieurs méthodes visant différents stades de développement des Lépidoptères ciblés afin de gagner en efficacité.

 

 

Sources :

[1] Anses. (2020). Expositions humaines aux chenilles émettrices de poils urticants en France métropolitaine. Cas enregistrés par les Centres antipoison de janvier 2012 à juillet 2019. (saisine 2020- SA-0005 du 06 janvier 2020 – première partie de la saisine). Maison-Alfort : Anses, 73 p. https://www.anses.fr/fr/system/files/Toxicovigilance2020SA0005Ra.pdf

[2] Anses. (2023). Analyse des risques sanitaires liés à l’exposition aux chenilles émettrices de poils urticants et élaboration de recommandations de gestion. (saisine n° 2020-SA-0005). Maisons-Alfort : Anses, 336 p. https://www.anses.fr/fr/content/evaluer-risque-exposition-chenilles-urticantes

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