Dans l’introduction de son ouvrage intitulé Processionary Moths and Climate change – an update (2015), le chercheur Alain Roques retrace l’histoire des chenilles de Processionnaires du pin dans les écrits savants. C’est l’occasion pour nous de découvrir cette espèce sous un nouvel angle, celui de l’histoire des sciences.

La première description de chenilles urticantes remonte à l’Antiquité, période durant laquelle le médecin grec Dioscoride (Ιer siècle ap. JC), connu pour avoir accompagné les armées de l’empereur romain Néron, décrivit le pouvoir urticant de ce qu’il appela pityokampē : « larve des pins d’Alep ». Question remède, il faut se tourner vers l’un de ses contemporains, le célèbre Pline l’Ancien (Ιer siècle ap. JC). Ce grand savant romain, mort lors de l’éruption du Vésuve, fut l’auteur d’une œuvre encyclopédique intitulée Histoire Naturelle, qui fut considérée pendant des siècles comme la référence dans les sciences naturelles. C’est dans cette œuvre qu’il proposa un mystérieux remède appelé « Sapa », dont la recette a été oubliée aujourd’hui, afin de guérir les maux causés par les pityokampē. Il n’est toutefois pas le seul, ni le premier à décrire une confection supposément curative. En effet, on peut remonter quelques siècles plus tôt, quand le botaniste grec Théophraste (IV-IIIe siècle av. JC) décrivit dans son Historia Plantarum un remède contre les « vipères, tarentules, larves des pins et autres reptiles ». Il consistait en un savant mélange de la plante aujourd’hui appelée Grande Aunée (Inula helenium) avec de l’huile et du vin. Autre fait insolite : les processionnaires du pin étaient vraisemblablement considérés comme du poison dans la loi romaine dans la mesure où elles sont explicitement nommées au sein du Code Justinien, dans la partie relative aux assassins et empoisonneurs.

Une riche Histoire qui nous montre que nous ne sommes ni les premiers, ni sans doute les derniers à tenter de gérer les nuisances provoquées par les chenilles de processionnaires.

 

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